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Théma

La double culture: une richesse? 

Entretien

 

- Pour moi,  cette double culture a toujours été synonyme de richesse mais je suis très attachée au Maroc.

- Comment définirais-tu  cette double identité ?

- C’est pour moi une chance: celle de s’ouvrir à plusieurs cultures. Souvent lorsque nous n’appartenons qu’à une culture, nous ne cherchons pas à découvrir vraiment les autres alors que lorsque nous avons une double culture nous avons forcément deux points de vue sur le monde, nous appréhendons des coutumes différentes, des traditions, et nous connaissons des langues différentes.

- Tu te sens davantage française ou marocaine ?

- C’est comme si tu me demandais si je préfère mon père ou ma mère.

- Quels sont pour toi les problèmes que te pose cette double culture?

- Pour certains Français, je ne suis que Marocaine. Par exemple, lorsque j’avais 15 ans, ma voisine m’a  dit un jour que je n’avais qu’à repartir au Maroc, comme ça, sans raison… mais elle oublie que je suis née en France, que j’ai une pièce d’identité française! Cet épisode m’a profondément désarmée, marquée. Et c’est la même chose au Maroc, mais sans violence: pour les Marocains, je suis française. A croire que je ne suis pleinement moi que lorsque je suis dans l’avion, entre les deux pays. (Rires). Souvent les personnes issues d’une double culture comme moi se sentent arabes en occident et françaises au Maghreb.

 

Propos recueillis par Miguel auprès de Nesrine, Novembre 2014

Entretien entre Dorian et son père

 

- Pourrais-tu me  parler de ta double culture ?

- Je peux surtout te parler de mon père. Il s’appelait Jorge. Il est né à Buenos Aires, en Argentine.

- Mon grand-père était  argentin ?

- Oui, mais il a quitté l’Argentine quand il avait trois ans. Ensuite il a vécu en France et il ne savait même pas prononcer son prénom! Il avait  la double nationalité mais comme son prénom était argentin, cela lui posait des problèmes dans toutes ses démarches administratives. On le considérait toujours comme un étranger et cela éveillait souvent la méfiance de ses interlocuteurs. En outre, Jorge est l’un des prénoms les plus difficiles à prononcer pour un Français, avec le ‘’j’’ et le ‘’r’’ si proches. Sa mère s’efforçait de ne lui parler qu’en français car elle voulait absolument qu’il s’intègre en France … qu’il oublie sa langue maternelle !

 

Dorian, novembre 2014

Je me révolte, donc je suis!

 

"Ne pas penser comme les autres, cela veut dire simplement que l’on pense."  (Eugène Ionesco, Antidotes)

Le monde est dans un constant changement, nous ne savons jamais ce qui peut se passer demain. Nous sommes effrayés par les choses que nous ne  conaissons pas, nous sommes bien tentés d’adopter de divers clichés et nous préférons rester dans leur ombre. Chacun de nous a quelque chose de spécial qui le distingue des autres. Nous devrions le mettre en valeur et en être fiers, parce que nous sommes beaux à notre propre façon. Ce nˈest pas mal d’avoir des opinions différentes, au contraire, en participant aux débats, nous pouvons apprendre les uns des autres. Par exemple, les adolescents cherchent à construire leur identité, ils doivent se retrouver et ils ne peuvent pas faire cette chose s’ils adoptent des préjugés. Le conformisme est comme une route sans obstacles mais, en le choisissant, nous ne serons pas pleinement heureux, parce que notre véritable personnalité restera cachée derrière les clichés. Nous devrions nous révolter pour affirmer nos idées, pour exprimer nos sentiments, pour apprendre de nos propres erreurs sans être influencés par les autres. Cette révolte devrait être notre manière d'affirmer que nous sommes non-conformistes et que nous nˈessayons pas d’être parfaits parce que la perfection n’existe pas, nous voulons seulement avoir des opinions personnelles et ne pas copier le comportement de la majorité. Nous ne devrions pas nous sentir obligés de nous identifier avec ceux qui nous entourent. Il y a des gens qui adoptent des idées ou des comportements sans les analyser, probablement parce qu’ils n’ont pas de confiance en eux-mêmes. De cette manière, ils décident de se cacher, d’assumer des idées ne leur appartenant pas. Nous, nous devrions être confiants dans notre personnalité et ignorer les influences extérieures. Trouvons cette force en nous-mêmes et nous nous serons accomplis! C’est difficile de lutter contre nous-mêmes mais, au cas où nous gagnerions cette lutte, nous pourrions nous enorgueillir dˈêtre vraiment différents et dˈavoir acquis une vraie sagesse. Il est également important de regarder au-delà des apparences, parce que rien nˈest ce qu'il paraît. En regardant les choses de l'extérieur, nous pouvons percevoir une réalité faussée et obtenir un point de vue faux sur quelque chose ou quelqu'un. Il est toujours facile de juger mais, à un certain moment, cˈest nous qui serons, à notre tour, jugés et alors nous comprendrons quˈil existe le risque de se tromper. 

Il est essentiel de comprendre que les apparences ne sont pas importantes, elle doivent être ignorées, les apparences détournent lˈattention de la réalité. Je pense que chacun de nous a quelque chose de beau à offrir au monde et nous devons apprendre à perdre, à accepter nos défaites et encore maintenir notre confiance en nous-mêmes. Nous sommes uniques et nous devons avoir le courage de nous affirmer et de rejeter des idées et des comportements qui trahissent notre identité.

 

Ana Mititelu, Lycée Théorique Ioan Slavici - Roumanie

Mon père est français et ma mère est vietnamienne. J’ai vécu au Vietnam jusqu’à mes 14 ans. Ensuite nous sommes allés vivre en France, à cause de la guerre. Au Vietnam, j’allais dans une école française. La double culture est-elle un problème ou un avantage ? Pour moi, elle apporte beaucoup d’avantages. Au début, j’étais bilingue, grâce à mes parents car chacun me parlait sa langue. Ces deux cultures m’ont permis une ouverture sur le monde, une plus grande tolérance… d’accepter plus facilement les différences. Qui plus est, je crois que connaître deux cultures permet d’ajouter les bénéfices de chacune pour vivre plus pleinement, choisir ce qui nous plaît le plus. Bien sûr, cela peut être un problème quand la personne a le sentiment de n’appartenir à aucune des deux…mais pour ma part je me sens citoyenne du monde, parce que ces deux cultures ne s’opposent pas au sein de ma famille.

 

Elodie Nguyen T01L

Joyeux anniversaire Nietzsche !

Egalité, Fraternité, Liberté

Ces principes de la révolution française ne sont pas toujours respectés

Le 7 Janvier 2015 en France la liberté de presse a reçu un coup au cÅ“ur. 3 terroristes, 2 hommes et 1 femme, ont fait irruption dans la rédaction du journal hebdomadaire "Charlie Hebdo", en tuant 12 journalistes. Il y a eu d’autres victimes dans d’autres points significatifs  de Paris. Les jours suivants beaucoup de gens ont senti la forte exigeance de descendre en route pour révendiquer le droit et la liberté de presse et d’expression. Selon tous le monde, les idéaux d’égalité, fraternité et surtout de liberté sont des principes inviolables de l’humanité sur lesquels on a établi les modernes constitutions à niveau mondial. Le monde entier est resté ébloui sur  ce qui s’est passé, on pense que dans un pays libre et symbole de la liberté comme la France ces situations d’ horreur et terrorisme sont inadmissibles. Les autorités doivent prendre position et assurer la sécurité du territoire. Nous croyons juste de rappeler les victimes tuées dans la rédaction, mais les journalistes ne devraient pas rendre la question un phénomène médiatique. En ces moment il faut seulement retrouver le calme et aider les gens à retourner à la vie de tous les jours. Un philosophe a dit que la liberté avait, a et aura toujours un prix à payer et dans ces jours nous en avons eu la confirmation.

 

Stefanel Nedejde, Manuel Milanese, Dolo, Venise - Italie

Le nom de Niezsche peut rejeter notre regard au loin... Mais ne vous détournez pas sans savoir, ne restez pas les yeux clos, et gardez les ouverts pour toujours à la lumière. La curiosité vous emmènera vers le savoir, puis vers le pouvoir qui engendre la jouissance... "Les plus grands évènements ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes, mais nos heures les plus silencieuses. Ce n'est pas autour des inventeurs de bruits nouveaux: c'est autour des inventeurs de valeurs nouvelles que le monde tourne."  Ainsi parlait Zarathoustra.  

 

 

 

"Un livre pour tous et pour personne"

 

Nietzsche ressentait une profonde méfiance envers le peuple, son profond dégoût pour le système démocratique vient de cette méfiance. Cette haine envers la démocratie engendrera la reprise de ses écrits par le nazisme, et le fascisme. Pourtant il est essentiel de ne pas voir en Nietzsche un précurseur du nazisme, il fut d'ailleurs un des premiers à remarquer, déplorer et combattre avec hardeur la montée d'un sentiment antisémite dans l'Europe de la fin du XIXème siècle. Son aversion envers la démocratie venait du fait qu'il voyait en elle l'instrument idéal pour le populisme, la manipulation des masses. Si le nazisme et le fascisme ont repris ces écrits c'était pour se donner une certaine légitimité, en oubliant que la raison de ces réticences envers la démocratie venait de la peur de voir des partis comme les leurs être au pouvoir. Il se montra particulièrement virulent envers la montée des sentiments nationalistes dans son livre, La généalogie de la morale, où il écrivait : "je ne puis les souffrir non plus, ces nouveaux trafiquants en idéalisme, ces antisémites qui aujourd'hui tournent des yeux, frappent leur poitrine de chrétiens, d'Aryens et de braves gens, et par un abus exaspérant du truc d'agitateur le plus banal, je veux dire la pose morale, cherchent à soulever tout l'élément "bêtes à cornes" d'un peuple".  

 

Léo, illustrations de Karasu, Lycée Jean Jaurès, Saint Affrique - France

      

           

Le 15 octobre 2014 sera marqué par l'anniversaire des 170 ans de la naissance du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Notre journal a décidé de consacrer un article à ce philosophe du XIXème siècle. Les écrits de Nietzsche eurent une grande importance pour la philosophie, notamment pour la philosophie existentialiste, mais ses écrits continuent à exercer une place non négligeable. Les philosophes oeuvrent pour le règne de la lumière, la recherche de la vérité, mais pour Nietzsche la philosphie était bien plus qu'une simple recherche de la vérité. Il voyait dans cette dernière un objet pour pratiquer une critique de la société, et de ses composantes comme l'appuie ce passage du Livre du Philosophe: "Le philosophe ne cherche pas la vérité mais la métamorphose du monde dans le coeur des hommes". En effet la critique est la base de la pensée de Nietzsche, que ce soit de la religion, de ses serviteurs, et de la morale qu'elle impose. Nietzsche développa sa pensée dans des livres comme  l'Antéchrist, La généalogie de la morale, ou encore Ainsi parlait Zarathoustra.  

  

 

La critique de la religion

 

La critique de ces "penseurs" cherchant à imposer leurs idéaux, leur morale, nous entraîne vers un point essentiel, peut-être le plus essentiel, de la philosophie de Nietzsche, la critique du formatage créé par la religion. Un extrait d'Education miraculeuse, l'aphorisme 242 du livre Humain trop humain, illustre particulièrement la défiance envers la religion: "l'intérêt de l'éducation n'acquiert une grande force que du moment où l'on abandonne la foi en un Dieu et sa providence: tout comme l'art de guérir n'a pu fleurir que lorsque cessa la foi aux cures miraculeuses." D'après le philosophe allemand, le prêtre corrompt la santé de l'âme, il crée le sentiment de pêché, il entrave l'homme dans une morale, ce qui engendre le repli de l'homme sur lui-même. Nietzsche pensait que personne ne peut détenir la morale de l'autre. Cette morale imposée par le prêtre entraîne le déni de la vie, la souffrance, et un homme souffrant recherche instinctivement la cause de son mal-être. Le prêtre intervient une nouvelle fois, mais cette fois-ci pour expliquer à l'homme ce qui lui fait mal, en se gardant bien d'invoquer la morale comme étant la cause. Ainsi le prêtre manipule les homme, qui deviennent une masse serviable, et inoffensive pour leur maître. Pour Nietzsche, la définition du rôle d'un prêtre est de se présenter comme un rempart, en recherchant la domination sur ceux qui souffrent. Il estimait que le danger pour une société fondée sur une morale imposée et figée est l'abêtissement de ses citoyens. La philosophie nietzschéenne fut une véritable critique de la religion et de la morale. Son aversion pour l'antisémitisme fut saluée lorsque l'essayiste britannique Erich Heller affirma que Nietzsche fut l'anti-antisémite le plus radical dans la littérature allemande depuis Lessing. La montée du climat antisémite le conduisit d'ailleurs à la folie.

 

Penser par soi-même

 

Nietzsche estimait la nécessité d'avoir une certaine réserve lors de l'étude de pensées d'autrui de peur de la voir empiéter sur la sienne. Par-là, Nietzsche cherchait à mettre en lumière le fait que même si les philosophes essayent de nous faire tendre vers la vérité, la perfection, il ne faut pas se laisser aveugler par leur lumière, puisque le principe même de la philosophie est de penser par soi-même. Nietzsche transmettait sa philosophie à travers une plume légère, en évitant les mots savants. A première vue cette écriture pourrait être interprétée comme une volonté de toucher le plus de personnes, de s'ouvrir au peuple. Pourtant Nietzsche pensait que la philosophie devait être réservée  à une élite, à l'aristocratie, et rester hermétique aux moins éduqués. Nietzsche ne voyait pas dans le philosophe un être ayant pour fonction d'entraîner le peuple derrière lui.     

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