Le sac@dos européen

Un film roumain lauréat avec L’ours d’or au Festival International de film de Berlin (le 16 février 2013)  présente certainement un must-seen pour chaque Roumain passionné des films, pour se convaincre des qualités du film ou par pure curiosité. Il y a des discussions interminables, de nombreuses critiques et aussi  (ou plus) des louanges apportées à ce film. S’il  mérite ou non le prix, je pense que nous ne sommes pas en mesure de décider, cˈest la responsabilité des membres du jury. Et pourtant, bien que l’opinion que nous émettions n’est pas avisée, nous pensons que l’histoire de vie présentée dans le film La position de l’enfant attire l’atention du public par le fait que celui-ci peut se retrouver dans les personnages. La position de l’enfant est un film dirigé par Călin Peter Netzer, produit par Călin Peter Netzer et Ada Solomon, ayant comme scénaristes Călin Peter Netzer et Răzvan Rădulescu. L’implication multiple de C.P. Netzer dans la réalisation du film, nous pouvons lˈexpliquer par l’attachement au thème du film, le scénario étant partiellement inspiré de la relation avec sa mère. Co-scénaristes, les deux réalisent un véritable chef-d'œuvre, un film "difficile à digérer, mais qui mérite d'être vu", avoue Călin Peter Netzer. Difficile à digérer... pourquoi ? Parce qu’il peut être classé comme un film agréé davantage par ceux qui ne cherchent pas de relations parfaites ou seulement de fins heureuses. Celui-ci, cˈest un film qui sˈéloigne du cadre spécifique aux séries télévisées, un film où lˈon trouve du désespoir, de la haine, de la culpabilité, de la souffrance, le contrôle, la peur et un amour qui dépasse les limites habituelles de la possessivité, atteignant le niveau de l'obsession. Cornelia Kereneș est âgée de 60 ans (le personnage de la mère), elle est parfaitement décrite par le jeu de lˈactrice Luminița Gheorghiu: une mère possessive, affolée par la pensée  de la maturation de son enfant, maintenant un homme, mais qu’elle continue à dorloter, à le prendre en charge. Ainsi, quand elle  se retrouve  dans une situation irreversible - l’accident commis par Barbu (son fils), qui a provoqué l’homicide involontaire, sans intention, dˈun garçon de 14 ans qui  traversait irrégulièrement la rue - elle est obligée de dépasser complètement la scène de panique et de crise émotionnelle et d’intervenir autoritairement avec toutes les relations, les ficelles, les chantages et l'argent dont elle dispose. Elle prend le contrôle de l’entière situation, surmonte l’autorité presque inexistente de son mari (Monsieur Făgărășanu, interprété par Florin Zamfirescu) et celle de son fils (interprété par Bogdan Dumitrache) - qui tente, avec un minimum d'effort, de déclarer son indépendance - elle devient le mâle alpha. Une scène intéressante est celle  de  la rencontre  de Madame Cornelia avec Dinu Laurențiu (interprété par Vlad Ivanov), témoin de l'accident. Cette rencontre laisse sˈaffronter deux soi-disant mâles alpha, lˈun  avec  plus d'expérience,  de sorte que,  à la tentative de chantage de la mère, il accepte de modifier sa déclaration en échange d' une énorme somme (80.000 euros). Dépassée par la complexité de ce personnage, la mère chagrinée par l’enfant qui refuse son aide, continue  même à demander l'aide de sa belle-fille, qu’elle a toujours méprisée. Par son intermède, elle convainc son fils d'aller visiter la famille endeuillée et, dans cette dernière scène, Luminița Gheorghiu joue toute la force de son personnage. Tout ce que la mère lionne, la mère possessive, la mère obssedée du contrôle a caché si longtemps,  vient à la surface, les émotions refoulées depuis le début apparaissent sur le visage de la  respectable Madame Cornelia, sous forme de larmes, plaignant son fils perdu. Ici, les rôles semblent s’inverser, entre la mère qui a réellement perdu son fils et la seconde, toutes les deux présentant leur douleur. Le fils, torturé par sa culpabilité, n’assiste pas  à cette rencontre, attend dans la voiture jusqu'à ce que sa mère se retourne et il voit le père de l’enfant décédé; par la réplique "Maman débloque-moi! ", il sort seul de la voiture et discute avec lui. Le film, étant réalisé du point de vue d'un participant aux événements (surtout du point de vue de la mère), cette conversation est suivie dans le miroir rétroviseur, symbolisant  le détachement final de la mère de son fils et l'acceptation de son indépendance. Le film montre les problèmes actuels, communs: la corruption du système juridique, la position des familles riches par rapport aux familles pauvres, mais aussi de nombreuses  difficultés de communication rencontrées dans le milieu familial.

Raluca Pătrășcanu, Roxana Dabija, Ana-Maria Mititelu

Lycée Théorique Ioan Slavici Panciu, Roumanie